Une opération escargot a paralysé les axes routiers alsaciens ce lundi matin. Des dizaines de camionneurs ont protesté contre l’instauration prévue d’une taxe sur les poids lourds en Alsace à partir de 2027. Cette mobilisation met en lumière les tensions entre les autorités locales et le secteur du transport routier.
Une mobilisation d’ampleur sur les routes alsaciennes
L’aube du lundi 7 octobre a vu se former deux impressionnants cortèges de poids lourds en Alsace. Près d’une centaine de camions ont participé à cette action coordonnée, formant deux convois distincts :
- Un premier groupe est parti de Mulhouse, dans le Haut-Rhin
- Un second convoi a pris la route depuis Strasbourg, dans le Bas-Rhin
Les deux colonnes de véhicules ont convergé vers Colmar, où elles se sont rejointes en fin de matinée. Cette démonstration de force visait à marquer les esprits et à faire entendre la voix des professionnels du transport routier.
Un projet de taxe controversé au cœur des débats
La Collectivité européenne d’Alsace, née de la fusion des conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin en 2021, envisage d’instaurer une taxe sur les poids lourds dès 2027. Ce projet prévoit la mise en place d’un péage pour les camions circulant sur certains axes routiers de la région, notamment l’autoroute A35.
Les modalités envisagées sont les suivantes :
- Application aux véhicules de plus de 3,5 tonnes
- Tarification basée sur la distance parcourue
- Mise en œuvre prévue pour début 2027
Cette mesure vise à réduire le trafic de transit et à rééquilibrer les flux de poids lourds entre l’Alsace et l’Allemagne voisine. Les autorités locales espèrent ainsi lutter contre la pollution, les embouteillages et l’usure prématurée des infrastructures routières.
Les arguments des opposants à la taxe
Le Collectif pour la compétitivité de l’économie alsacienne (CCEA) s’est positionné comme fer de lance de la contestation. Cette association, qui regroupe divers acteurs économiques de la région, a organisé une conférence de presse à Colmar pour exposer ses griefs.
Les principaux arguments avancés par les opposants sont :
L’impact économique global : le CCEA souligne que cette taxe affectera l’ensemble des filières économiques alsaciennes, bien au-delà du seul secteur du transport routier.
La hausse des prix pour les consommateurs : les manifestants craignent que le surcoût engendré par la taxe ne se répercute in fine sur le pouvoir d’achat des Alsaciens.
La perte de compétitivité : les entreprises locales redoutent de voir leur attractivité diminuer face à la concurrence des régions voisines non soumises à cette taxe.
La position des autorités alsaciennes
Frédéric Bierry, président de la Collectivité européenne d’Alsace, défend ardemment ce projet de taxe poids lourds. Il met en avant plusieurs arguments pour justifier cette mesure :
Des recettes substantielles : la taxe devrait rapporter environ 64 millions d’euros par an aux caisses de la collectivité.
Un financement équitable : plus de la moitié de ces recettes serait payée par le trafic de transit, et non par les Alsaciens eux-mêmes.
Des dérogations prévues : certaines branches d’activité pourraient bénéficier d’exonérations pour limiter l’impact économique de la mesure.
Un réinvestissement local : une partie des sommes collectées serait réinjectée dans l’économie régionale pour soutenir les entreprises alsaciennes.
Les prochaines étapes du projet
Le débat autour de cette taxe poids lourds est loin d’être clos. Le 21 octobre prochain marquera une étape cruciale dans ce dossier, avec un vote prévu au sein de la Collectivité européenne d’Alsace.
D’ici là, les différentes parties prenantes vont sans doute intensifier leurs efforts de communication et de lobbying. Les opposants à la taxe pourraient organiser de nouvelles actions de protestation, tandis que les autorités locales tenteront de convaincre l’opinion publique du bien-fondé de cette mesure.
L’issue de ce bras de fer aura des répercussions majeures sur l’avenir du transport routier en Alsace et sur l’économie régionale dans son ensemble. Le débat autour de cette taxe poids lourds illustre les défis auxquels font face les territoires pour concilier développement économique et préoccupations environnementales.